Les super-héros et super-vilains n’ont plus l’exclusivité ! (Ou alors avaient-ils déjà peur du Coronavirus ?)
Depuis fin 2019, nous connaissons une véritable crise qui affecte le monde entier. Outre l’aspect gênant du masque au quotidien comme les boutons causés par le port du masque, les oreilles qui se décollent, les marques sur le visage, ou encore la buée sur vos lunettes, de nombreux problèmes se font ressentir dans le monde et plus spécifiquement ici, dans le cinéma et le monde audiovisuel :
Beaucoup de tournages ont été reportés comme « Les Animaux fantastiques – 3e partie » qui devait initialement commencer le 16 mars 2020. Heureusement pour les fans (et l’équipe, les financeurs, les producteurs…), le tournage a pu reprendre en septembre 2020. Le nouveau « Batman », interprété par Robert Pattinson, a été suspendu le temps que l’acteur guérisse, puisqu’il avait été testé positif au covid.
La sortie de vos films et séries préférés est retardée : « The Handmaid’s Tale »ne sortira qu’en courant 2021. Quant aux aventures de Diana Prince (interprétée par Gal Gadot) dans le film « Wonder Woman 1984″, il ne sera finalement pas projeté dans vos salles de cinéma, mais disponible en streaming sur la plateforme HBO MAX.
En plus des retards de tournages, des changements de dates de sortie sont apparus : le long métrage Disney « Mulan » (adaptation du film d’animation éponyme de 1998, en prises de vues réelles) devait initialement sortir en salles le 25 mars 2020. Cependant, Disney a fait le choix de le diffuser sur sa plateforme de streaming “Disney +”. Cette exclusivité réduit grandement les chances de visionnage (légale) du film, puisque l’abonnement à Disney + est payant.
Tous ces retards sont donc contraignants pour les cinéphiles qui devront patienter, mais ils le sont encore plus pour les productions qui voient le coût global augmenter de jour en jour, à tel point que certaines séries ont vu leur clap de fin arriver plus vite que prévu. « The society » est l’une des victimes collatérales de la Covid-19. Cette série destinée à un public de jeunes adultes, créneau pourtant porteur pour la plateforme de streaming, a donc dû être sacrifiée par Netflix. Entre gestion de la distanciation sociale, les équipements de protection pour les équipes, et le tournage adapté au coronavirus, tout cela aurait largement fait exploser le budget. Nous ne saurons donc jamais pourquoi et comment, les adolescents d’une petite ville du Connecticut, sont bloqués et livrés à eux-mêmes, dans ce qui semble être un monde parallèle.
Cette crise affecte donc considérablement le monde du cinéma, empêchant les productions de commencer ou reprendre les tournages, les productions etc., mais son impact se fait également lourdement ressentir dans le cinéma. Les salles étant fermées depuis le deuxième confinement, l’incertitude pèse et empêche de nombreux films de sortir sur grands écrans.
Les plateformes de streaming se sont donc grandement développées afin de proposer ces fameux films et ce, moyennant finances bien entendu ! Le malheur des uns, fait le bonheur des autres !
En plus de ces tristes nouvelles, la crise actuelle n’épargne personne et encore moins les petites et moyennes boîtes de productions qui luttent pour survivre. Et cela ne se cantonne pas à la production de films et de séries, mais affecte également les spectacles vivants, les représentations théâtrales… Nous sommes donc en droit de nous demander :
Comment et quand, les tournages, représentations et productions vont-ils pouvoir reprendre pleinement ?
Pour répondre à cette question, il est nécessaire de prendre plusieurs problèmes majeurs en considération :
Comment continuer à tourner avec des foules de figurants ?
Difficile de gérer un grand nombre de figurants tout en respectant les gestes barrières. Est-il alors possible de les créer grâce aux VFX (effets spéciaux) ?
Oui, tout est toujours possible dans le monde du cinéma. Mais le prix ne sera jamais le même. Un dommage collatéral d’une crise que personne n’avait encore imaginée, pas même Michael BAY !
De plus, reproduire et modéliser des figurants en 3D risque de changer l’atmosphère du film, de la série, et d’afficher un léger manque d’authenticité. Peut-être est-ce le moment pour les films d’animations full 3D de prendre le pouvoir ! Pas besoin d’acteurs, pas besoin de figurants.
Le travail/production/post-production, peut se faire depuis chez soi, si l’infographiste dispose du matériel adéquat. Les doubleurs sont seuls en cabine, plus de problème de contaminations !
En plus des problèmes de figurations, sur de grosses productions, les équipes de tournages sont très nombreuses.
Comment assurer la sécurité de chacun sur son lieu de travail ? Est-ce la fin des super productions ?
À court terme, et pour les productions qui ont les moyens, il pourrait être intéressant, utile et rassurant, de faire des prises de température ou des tests sanguins afin de pouvoir accéder aux plateaux de tournage.
Le masque et les installations adéquates semblent être les seules solutions restantes pour assurer la pérennité du monde audiovisuel.
Peut-être est-ce également le moment de voir l’avènement des films en plein air, ou bien ceux en total fond vert, ou les films en huis clos et en petit comité ?
Peut-être allons nous assister au renouveau et à un essor exponentiel des films à petit budget, ayant une équipe réduite, et qui auront travaillé en secret durant ces mois de stress et d’angoisse. Peut-être allons nous voir de plus en plus de films de super-héros masqués, ou des films de science-fiction dans l’espace, n’importe quel scénario nécessitant une combinaison anticontamination.
Mais alors, est-ce que les acteurs vont devoir jouer avec un masque ?
Il y a très peu de chance pour que cela arrive. Si les films fonctionnent, c’est en partie grâce aux visages des acteurs et actrices. N’oublions pas que le port du masque entrave considérablement la communication, qu’elle soit verbale ou non verbale. La communication est répartie en trois catégories :
– Verbale qui représente seulement 7% de notre communication,
– Non verbale, qui représente 55% de notre communication (regard, position, gestes et microgestes)
– Et paraverbale (rythme, timbre de la voix, intonation…)
Les mimiques d’un acteur ou d’une actrice font (ou défont) sa notoriété, son talent. Imaginez regarder un film avec Louis De Funès portant un masque !
Difficile à imaginer n’est-ce pas ?
Il est également difficile d’imaginer que nos acteurs et actrices préférés puissent porter des masques verts, qui puissent être supprimés et remplacés en post-production ! (Mais sait-on jamais… Vive les effets spéciaux !).
Plus sérieusement, en suivant les protocoles, en testant la totalité des membres du plateau et en protégeant ceux ne se trouvant pas derrière la caméra, les tournages peuvent continuer. De nombreuses productions ont d’ailleurs rallumé leur caméra.
Qui sait ce que la salle de cinéma de demain va projeter et quand elle pourra projeter !
Fun fact : En Suède et au Danemark, les productions ont été les premières à reprendre le travail sur des plateaux stérilisés où la distanciation physique était expérimentée !
Fini de digresser sur une utopie cinématographique. Parlons à présent de la symbolique du masque dans le cinéma, puisque nous pourrions en voir de plus en plus.
L’utilisation première d’un masque est, bien évidemment, de cacher le visage du (super) héros, pour qu’il puisse lutter incognito contre les (super) méchants. Qu’il masque l’intégralité du visage (comme Iron Man ou Spiderman), ou qu’il laisse entrevoir une partie (comme Zorro ou Batman), cacher son identité est primordial.
Pour éviter des représailles, pour garder l’anonymat ou pour simplement s’exprimer. Cacher son visage est également un moyen d’éviter la censure. Tous ces héros et anti-héros qui crient de toutes leurs forces ce que la société refuse d’entendre, font alors le choix (parfois désespéré) de porter un masque, de repousser leurs limites, jusqu’à parfois la franchir. Il peut donc prendre plusieurs formes :
Le masque physique et métaphorique :
Joker est un bon exemple. Maltraité et incompris, sa voix se perdant dans les méandres d’une ville dans le chaos. Il n’a plus d’autre choix que de se créer une identité et revêtir son masque. Symbolisé métaphoriquement par la folie, physiquement par un maquillage de clown, trouvant enfin le courage d’agir, et d’assouvir ses pulsions.
Le masque imaginaire :
Le masque n’est donc pas nécessairement un objet physique. Il peut tout aussi bien être la vie qu’un héros/anti-héros s’est créée au fil de sa vie. Par exemple, le “héros” de la série Dexter : il travaille pour la police scientifique la journée, tue des psychopathes et autres assassins la nuit. Son masque est celui d’un homme tout à fait normal. Il deviendra père de famille, se mariera… Qu’est-ce que la normalité si ce n’est un masque que chaque personne revêt tous les matins en se levant, et enlève le soir avant de se coucher.
Le masque “nécessaire” :
Certains masques ne sont pas justes un accessoire, c’est une nécessité absolue pour cacher ce qu’il ne peut être ignoré. Dark Vador et Deadpool (Oui, il n’y a pas que les méchants qui sont défigurés !) en sont l’exemple parfait :
Leur visage et leur corps meurtris, brûlés à vie. Un parallèle entre ces deux anta/protagonistes est même possible. L’amour de leur vie leur a été arraché, de manière différente certes, mais la douleur reste la même. Ils sont donc obligés de se cacher derrière un masque, un rôle et une vengeance qu’ils ne désiraient pas.
Le grand méchant de Mad Max Fury Road, “Immortan Joe », porte lui aussi un masque. Il lui permet de respirer de l’air pur à travers un masque de protection respiratoire, décoré avec des dents de chevaux pour ressembler à une mâchoire squelettique et lui donner un air impressionnant. Et comment ne pas parler de Bane, l’ennemi de Batman, obligé de porter un masque pour ne pas souffrir…
Ces deux antagonistes sont donc les victimes de leur environnement, les obligeant à porter un masque afin de survivre.
Le masque de condamnation :
Impossible de parler de masques sans parler d’Hannibal Lecter, le serial killer le plus effrayant que ce monde a connu. La fameuse muselière qu’il arbore avec prestance n’est pas qu’un accessoire permettant d’empêcher ses penchants cannibales. C’est également une manière de l’empêcher de s’exprimer, puisque rappelons-le, son arme est la parole, et plus précisément, la rhétorique.
Intéressons-nous à un autre protagoniste, lui aussi emprisonné dans un masque, l’homme au masque de fer. Outre l’aspect historique de ce personnage, ce masque brutalement froid et violent est ici utilisé comme arme. Une arme privant son porteur de toute liberté, mais surtout, de toute identité.
Le masque de protection :
Ici, il serait plus juste d’utiliser le terme casque, puisqu’il s’agit d’Iron Man. Cacher son identité n’est pas son utilisation, la protection, oui. Grâce à l’alliage d’or et de titane, son armure lui procure une résistance surhumaine.
Surhumaine comme la rapidité de Flash, qui utilise donc un masque lui recouvrant l’intégralité de la tête, permettant ainsi un aérodynamisme hors-norme.
A contrario de tous ces héros et anti-héros qui cachent leur identité lorsqu’ils revêtent leurs masques, Superman cache son identité la journée, en portant une simple paire de lunettes de vue. Logique puisque sa réelle identité n’est autre que celle de Kah-El, kryptonnien de naissance, envoyé sur terre afin d’être sauvé…
Maintenant que la symbolique du masque n’a plus de mystère pour vous, il est temps de parler de création et la réalisation de ce dernier. De nombreuses techniques et technologies existent pour créer son masque parfait.
Pour qu’un masque soit aussi réaliste que possible, il existe, notamment, deux moyens :
Le créer grâce aux effets spéciaux virtuels :
Un bon exemple, le masque de Green Lantern dans le film du même nom ou celui de Black Panther au nom également éponyme. Recréé sur-mesure sur le visage, une base est tout de même nécessaire. Pour cela, les acteurs portent un masque ou une cagoule (tout dépend de l’esthétique recherchée) d’une couleur claire et unie, généralement du vert, ou des capteurs.
En plus du masque reproduit en images de synthèse, comme pour Ryan Reynolds dans “Green Lantern”, le costume de Chadwick Boseman alias Black Panther a été en partie réalisée grâce aux effets spéciaux. La fameuse tenue de Black Panther existe bel et bien et son interprète a pu la porter de nombreuse fois durant ses scènes. Cependant, afin d’éviter au mieux les plis et reproduire les mouvements exacts de ce dernier, la tenue de Black Panther a été retravaillée en post-production, donnant ainsi l’effet d’une seconde peau.
Le masque de Spiderman est également un très bon exemple de ce que la technologie peut créer, et du savoir-faire des VFX artists. Cependant, l’homme araignée n’est pas tout le temps camouflé sous une cagoule d’effets spéciaux. En effet, durant le tournage, l’acteur porte sa célèbre combinaison rouge et bleue. Et ce n’est que plus tard, en post-production, que la magie se crée lorsque les scènes le nécessitent.
Et il n’est pas seul à avoir recours à plusieurs techniques pour créer et designer au mieux son masque. Iron Man fait également partie de cette catégorie, mêlant VFX et la conception d’effets tangibles, créés manuellement pour les besoins d’une production. Son armure, conçue pour les besoins du film, nécessite des effets spéciaux afin de fournir à Tony Stark toute l’autonomie dont il a besoin. En effet, sur certaines scènes, Robert Downey Jr. (l’interprète de Tony Stark) ne porte qu’une partie de son armure, le haut, afin de faciliter ses mouvements. Le reste de son armure est recréé par la suite en post-production grâce aux marqueurs posés sur son corps durant le tournage.
Lorsque Iron Man apparaît à l’écran avec son casque ouvert, nous permettant ainsi de voir son visage, il s’agit bien souvent d’un vrai casque. Tout comme Black Panther, Iron Man est réalisé numériquement lors de scènes de combats très compliquées à réaliser dans la vraie vie. Comme un combat dans les airs, ou simplement lorsque Iron Man vole dans le ciel.
Pour mieux comprendre et découvrir d’autres secrets, n’hésitez pas à regarder cette vidéo retraçant l’évolution de l’armure d’Iron Man !
C’est donc à présent le moment d’évoquer la seconde catégorie :
Les masques et casques, créés et réalisés grâce au maquillage et ses prothèses.
L’exemple le plus probant est sûrement Jim Carrey dans “The Mask”. Il porte à la perfection ses prothèses, nécessitant 4h par jour de maquillage, et le métamorphosant complètement.
Si 4h semble interminable, pensez donc à John Hurt dans “Elephant Man”, qui nécessitait 7h de maquillage, ou encore à l’actrice Karen Gillan, qui a dû se raser intégralement la tête pour le rôle de Nebula (Gardiens de la Galaxie, “Avengers”), et qui a dû patienter 5 heures par jour pour son maquillage. Tout comme sa “sœur” Gamora, interprétée par Zoe Saldana, qui a dû rester immobile pendant plus de 3h.
Ces transformations physiques sont une alternative aux CGI. Les maquilleurs portent une attention particulière à l’esthétique de leurs maquillages. Que ce soit dans la conception de leurs prothèses faciales, dans l’exécution du maquillage, des détails et des accessoires. Cette attention aux détails permet ainsi qu’aucune retouche visuelle ne soit nécessaire en post-production. Permettant ainsi aux VFX artists de concentrer leur attention et leurs talents sur le reste de la production.
Alors qu’il soit nécessaire, métaphorique, obligatoire, le masque n’a maintenant plus aucun secret pour vous. Continuez de le porter tant qu’il est nécessaire, en espérant pouvoir très vite s’en passer !